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Portrait de Jacques Lavoine
Portrait d'un personnage emblématique



Jacques LAVOINE

Né le 17 février 1896 à Chaumont (Haute-Marne) - Décédé le 17 avril 1917 à Nauroy - Mont Cornillet (Marne)

Citation à l'ordre de la IVe Armée :

" Engagé volontaire de la classe 1916 ; volontaire pour venir au front. A fait preuve d'une superbe bravoure au combat du 17 avril 1917, à l'attaque du Mont Cornillet, où il s'est joint de son propre mouvement aux troupes qui partaient à l'assaut et où il a été mortellement frappé. "

Mort pour la France


Face à la chapelle de Nauroy, se dresse une croix.
C'est le monument que les parents de Jacques LAVOINE ont érigé en souvenir de leur fils mort au combat lors des grandes attaques sur le Mont Cornillet et les Monts de Champagne d'avril 1917.

A l'endroit même où leur jeune fils a perdu la vie non loin du bois de la Grille au lieu-dit " Les Grandes Beauvettes ", commune de Val de Vesle, face à l'ennemi, ils ont longtemps fleuri son cénotaphe : un petit jardin entouré d'un grillage et d'une petite porte et dominé par cette croix.
Puis un jour ils ne sont plus venus. Le propriétaire du champ, Monsieur Jacques DUBOIS de Beine-Nauroy, a accepté sur la demande du " Souvenir Français " d'intégrer ce monument au site du village de Nauroy dans les années 1985/1990.
A l'origine, la croix était en pierre mais lors d'un orage particulièrement violent la foudre l'a brisée.
En novembre 2011, grâce au travail de Jean-François GUILLAUME (membre de l'association " Les Amis de Nauroy "), le monument a retrouvé une croix en fer forgé.

Jacques LAVOINE a perdu la vie ici mais son souvenir reste dans notre mémoire.

Ses professeurs parlent de lui comme un enfant rieur, très vif et très intelligent, très observateur mais fluet et gracieux. Il est de la classe 1916.
Une infirmité, la perte de la vision de l´œil gauche, l'exempte du service militaire. Néanmoins, il cherche à s'engager dès 1914. Grâce à un subterfuge, il se fait enrôler au 27e RI.
Le 1er janvier 1915 il est sur le front. La dysenterie, la diphtérie et la fièvre typhoïde le font évacuer deux fois. Mais il veut retourner au front malgré les avis négatifs de ses chefs et de ses médecins. Le 31 août 1916 il revient sur le front pour la troisième fois.

Chaque jour il écrit sur son carnet de notes.

Septembre 1916 en Lorraine à Reillon :
" Le village est en ruines, et les compagnies de réserve logent dans des sapes. "
" Je regarde, par-dessus les fils de fer, vers la tranchée ennemie qui est à cinquante ou cent mètres, et je souhaite du fond du cœur un peu de vie, d'action, de péril. "
" Les Boches ont commencé une attaque, les grenades à fusil éclatent en gerbes de feu dans la nuit, le doigt sur la détente, une grenade dans la poche, je regarde avec toute mon attention à travers les fils de fer "


Déplacements en train, à pied.
Novembre 1916, départ pour la Somme :
" Déception, boue jusqu'au ventre, gens enlisés des heures entières et arrachés tout disloqués. Pas de bombardement. Terreur des gaz transmise par nos prédécesseurs, relève très pénible, j'ai été dominé, écrasé par la boue. "

Permission. Janvier 1917, départ pour l'Argonne :
" La nuit, nous prenons la garde en première ligne ; pour moi, j'assure la liaison entre deux petits postes et je suis sentinelle mobile de l'un à l'autre. C'était très amusant de monter dans la cheminée et de contempler les premières lignes boches à 200m ; un peu plus loin, avec une lorgnette, on voyait des sentinelles, une en particulier qui lisait son journal chaque jour après la soupe "

Puis la Marne, Mont Blond et Mont Cornillet.

Il fait froid les premiers mois de 1917. " Hélas ! Rêves ! Regrets ! Que de vous il y a loin à la réalité présente, à la perspective de ces souffrances nouvelles que va nous infliger la mauvaise saison et qui pour moi seront bien plus terribles que tous les risques de la guerre ! Enfin, que me sert-il de m'abandonner à ces souvenirs, alors que je sais que je suis ici volontairement et que je ne changerais ma place contre aucune autre ? "

17 avril 1917
4h45 Déclenchement de l'attaque. Marche sous un violent barrage ennemi à 4h35. La garnison alertée oppose une vive résistance. Néanmoins la première vague traverse les deux premières tranchées pendant que les nettoyeurs livrent des combats à la grenade.
5h30 Bataillon d'attaque. Progression dans le bois à travers des réseaux de fil de fer presque intacts. Mouvement très lent, l'ennemi réagissant par des mitrailleuses et des grenades. Enlèvement de la tranchée de Wahn et progression dans clairière au sud du bois de la Grille.
7h30 A droite la compagnie pénètre dans le B.92. Mais elle est de nouveau arrêtée et subit des pertes élevées. Dans les autres compagnies, on procède au nettoyage des tranchées. Le grand nombre de cadavres prouve la résistance de l'ennemi... (Mémoire des hommes - Journaux des unités 1914-1918 du 27e RI)

Ce jour là, Jacques LAVOINE renonce à son poste de téléphoniste et se joint volontairement à un groupe de grenadiers. Ils parviennent au réduit Thyède au B.92. Ils combattent à découvert. Les Allemands arrivent par un boyau en enfilade et tentent de les abattre à mesure qu'ils les voient. Jacques vise les Allemands comme il aurait visé une cible.
Tout à coup Jacques se sent touché et s'écrie " Oh ! la mort ! ". Il s'étend par terre, la tête appuyée sur le bras comme pour s'endormir. Il donne à son camarade l'adresse de son père et de sa mère. Il dit encore : " Je vais mourir, mais j'ai fait ma part. "

Il a 21 ans.

Le 15 avril 1917, il écrit à son père :
" ...T'ai-je dit que j'avais eu deux camarades de l'équipe touchés (l'un est mort peu après) ? Si on a encore tant soit peu de pertes à l'attaque, on sera vite relevé et ensuite les permissions reprendront de plus belle... Je t'embrasse bien tendrement. "

Le 15 avril 1917, il écrit à sa mère :
" ...Merci paquet, veau roulé et confiture de marrons... Je marche avec le deuxième bataillon, qui est en tête ; je suis encore ici en bonnet de nuit et en chaussons... Hier gaz, seulement en deuxième et troisième lignes, rien pour nous. Je t'embrasse bien, bien, tendrement. "

Renseignements tirés du livre " Jacques Lavoine Mort pour la France 1896-1917 " Edition du nouveau Mercure 1918.

Ci-dessous quelques éléments visuels supplémentaires :
Fiche de Jacques Lavoine issue du site "Mémoire des Hommes"
Carte avec légende de la région
Carte indiquant où est tombé Jacques Lavoine


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