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Combat aérien

Le 15 mars 1916, aux alentours de Nauroy, un avion français (biplan CAUDRON, bimoteur avec 2 mitrailleuses) de l'escadrille C28 obligeait un aéroplane allemand à atterrir et à rentrer dans ses lignes lorsqu'un Fokker allemand l'attaqua à l'improviste. L'avion français, en flammes, était abattu.
Le lendemain, un autre avion français survolait les lieux du combat et lâchait deux couronnes pour rendre hommage aux deux aviateurs abattus.

Voici la narration du sous-lieutenant de réserve Hartmuth Baldamus :

« Un combat aérien avec une telle issue est le résultat d'un triste devoir, et non une chose dont on est content. Ce n'est vraiment pas un beau spectacle : voir un tel oiseau géant qui se précipite dans les profondeurs, sans espoir et blessé à mort. La seule consolation consiste en la probabilité que l'équipage était déjà tué en vol, car j'avais fait feu en vol, à bout portant avec deux mitrailleuses, à savoir 50 coups en 2,5 – 3 secondes. Autrement, mon avion est un monoplace de combat FOKKER comme tous les autres, hormis que le moteur doublement stable me permet de traîner deux mitrailleuses montées en parallèle installées (et qui tirent) l'une près de l'autre. La supériorité de cet avion consiste toutefois en sa vitesse fabuleuse (par moments : 230 - 240 km/h, en poursuite). Cela n'est pourtant possible que pendant quelques moments, parce que le moteur est naturellement incapable de supporter une telle sollicitation excessive longtemps ; mais dans ce cas, il s'agissait d'aider un camarade en danger, et alors on prend (automatiquement, pour ainsi dire) des risques plus grands que normalement.
Par ailleurs, ce n'est qu'ainsi qu'on s'explique le fait que le Français avait osé poursuivre notre RUMPLER malgré le fait qu'il a dû savoir que je me trouvais à proximité (« à proximité » veut dire, dans ce cas, à quelques kilomètres). Il a simplement sous-estimé la performance de mon appareil, ou bien il comptait sur un manque d'attention de ma part.Toujours est-il que je volais, après tout, à une vitesse tout à fait modeste de 150 km/h aussi longtemps que rien ne se passait : il ne se doutait pas, à première vue, de mes capacités.
On ne se fait pas soi-même, peut-être, une idée de la brièveté du temps que dure un tel incident. La poursuite ne dura que 60 - 75 secondes. Les tirs : 3 secondes seulement ! La chute de l'avion, quelques 45 secondes. Ce n'est qu'ainsi qu'on s'explique que nos soldats au sol virent les flammes avant qu'ils n'entendirent mes tirs. En effet, même une personne qui se serait trouvée verticalement sous mon avion, aurait écouté les tirs six secondes après le départ réel des coups. »

(Source :  Hottenroth, J. E. (éd.), « Sachsen in großer Zeit » (Les Saxons dans leurs grandes heures), Tome I, 1920, ed. « Akademische Buchhandlung R. Max Lippold, Verlagsabteilung, Leipzig, 268 pp.
Traduction : M. Karl Freudenstein
)

Les aviateurs étaient le pilote Jacques Decazes et l'observateur François Lefebvre.

François Lefebvre

(photo provenant de la collection Michiel Thirieau)

Le Sous-Lieutenant François Léon Eugène Lefebvre est né le 15 février 1892 à Paris (75), il est le fils d'Eugène Lefebvre et de Rose Charlotte Wiriot. Avant guerre, il était ingénieur chimiste.
Il entre au service actif au 44e Régiment d'Artillerie le 8 octobre 1913. Il reçoit une citation à l'ordre de la brigade. Il fait un stage à l'école d'artillerie de Fontainebleau jusqu'au 17 septembre 1915.
Il est observateur de l'escadrille MF 40 du 14 au 27 octobre 1915 puis observateur de l'escadrille C 28 à partir du 28 octobre 1915. Il est stagiaire du groupe Rougeul du 21 décembre 1915 au 20 janvier 1916.
Il est tué au combat dans les environs de Beine (Marne), le 15 mars 1916. Il faisait équipage avec le Maréchal des Logis Jacques Decazes et de Glucksbierg qui a également perdu la vie. Cet équipage avait auparavant remporté une victoire aérienne (non homologuée) contre un Fokker. Il est mis en terre par les Allemands à Nauroy.
Il sera exhumé le 14 décembre 1920 et inhumé à Paris.
(texte inspiré du site de Denis Albin)


(document fourni par la famille Thouard)

Jacques Decazes


Le Maréchal des Logis Jacques Louis Elie comte Decazes et de Glucksbierg est né le 31 août 1891 à Paris, il est le fils de Jean Elie Octave Louis Sévère Amadieu duc de Decazes et de Glucksbierg et d'Elisabeth Blanche Singer.
Il fait partie de la classe 1911. Il entre au service actif le 23 avril 1911 et est affecté au 2e Régiment de Hussards.
Il obtient son brevet de pilote militaire (n° 2280) le 9 janvier 1916 et suit un stage de perfectionnement à l'école d'aviation militaire du Crotoy.
Il devient pilote de l'escadrille C 28 le 22 février 1916. Il est tué au combat dans les environs de Beine (Marne) le 15 mars 1916. Il faisait équipage avec le Sous Lieutenant François Lefebvre qui a également perdu la vie. Cet équipage avait auparavant remporté une victoire aérienne (non homologuée) contre un Fokker. Il est mis en terre par les Allemands à Nauroy.
Il sera exhumé le 14 décembre 1920 et inhumé à Bonzac (Gironde).
(texte inspiré du site de Denis Albin)

Deux vitraux, installés dans l'église de Beine suite à sa restauration en 1927, rendent hommage à ces aviateurs :

À gauche, Saint Jacques le Majeur, patron du comte Decazes encourage un héros à prendre place dans l'avion dont on aperçoit l'hélice dans la partie supérieure.
Au milieu, Saint François d'Assise, patron de l'aviateur Lefebvre reçoit dans ses bras un soldat blessé, tombé de son appareil et l'exhorte à offrir son sacrifice au Seigneur en lui présentant le crucifix.
Le troisième vitrail, à droite, rend hommage au séminariste Joseph Delin mort pour la France le 15 août 1918 et qui était le neveu de l'abbé Joseph Delin, précepteur de Jacques Decazes. Sur ce vitrail, Saint Joseph, patron du séminariste aviateur Delin, plante un lis sur la tombe du héros comme pour rendre hommage à sa vertu et à sa vaillance.

La chapelle de Nauroy a reçu trois vitraux conçus par les élèves de l'école de Beine-Nauroy, en concertation avec « Les Amis de Nauroy », avec leurs professeurs Céline Bourgeois et Laurent Gaudry et avec le verrier Jean-Claude Delorme. Un de ces vitraux représente symboliquement le combat aérien :


Un cénotaphe, identique à la tombe réalisée par les Allemands, a été inaugurée le 20 mai 2017 sur le site du village de Nauroy, en présence des descendants des aviateurs (cliquer sur une image pour en obtenir un agrandissement) :


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